Ça fait bientôt 5 ans que je suis arrivée à Tours. Ça fait 5 ans que de temps à autre j’ai l’occasion de déguster les vins du Château Gaudrelle.

Comme on court tous après le temps, je n’avais jamais pris un instant pour aller visiter le domaine qui n’est pas si loin de chez moi à Vouvray. Nous sommes sur les bords de Loire. C’est beau. Lorsque j’arrive au Château, comme dans beaucoup d’endroits il n’y a pas de Château: c’est domaine viticole.
Je suis accueillie par Eric Pasquier, l’actuel propriétaire.
Il me raconte l’histoire du domaine, puis s’arrête net.
« Un jour on s’est tous posés, on a fait une dégustation à l’aveugle avec plein de vins différents, dont les nôtres. Nos vins étaient bons, mais ils manquent d’âme ».
Cyril le maître de chai nous a rejoint. Je suis ravie qu’il soit là.
De manière générale parler avec les propriétaires des domaines c’est toujours intéressant, cependant je me retrouve plutôt dans la vision salariale d’un domaine. Je suis sensible à la présence de Cyril, maître de chai, on à souvent tendance dans bien des domaines viticoles à séparer la partie chai de la partie commerciale à tort, l’une est indispensable de l’autre.
Lors de ma visite j’ai constaté qu’au-delà la de l’histoire d’un passage en agriculture biologique d’un domaine, il s’agissait d’une histoire.
L’histoire d’un château d’un domaine viticole, mais surtout une histoire d’hommes.

Ma visite commence par les vignes, on monte au Clos Vigneau. Magnifique parcelle qui surplombe la Loire. Cette parcelle est au milieu de ses “copines” qui appartiennent à d’autres copains tels que Huet, Foreau et Carême.
Loin de moi l’idée d’une comparaison, je vous place simplement la carte. Ici on parle de conduite des vignes, de ce que l’on fait.
Aujourd’hui, l’équipe et le mot à son importance, réfléchi, test, pour pouvoir avoir la meilleure ligne de conduite* au vignoble. N’oubliez pas qu’un bon vin commence par un bon raisin. La parcelle est constituée d’argile à Silex, une réflexion de longue haleine est entamée sur cette parcelle, un travail d’équipe permettra de tirer le meilleur de cette parcelle dans les années à venir.

La visite se poursuit Pigeonnier, la j’apprends que la différence entre sol travaillé et sol non travaillé est de 10°. Oui et ? Lors des périodes de gel ou de forte chaleur ça à toute son importance. Travailler un sol demande plus d’énergie, demande plus de travail, ce qui sans tabous explique aussi le prix d’une bouteille.
Nous passons dans une parcelle de vigne ou les vignes sont tressées.
Ça veut dire que tu prends le bout de ta vigne et tu fais une tresse avec celui d’à côté. A quoi ça sert ? La vigne est une liane, au bout de la liane, c’est le dernier bourgeon laissé à la taille, le chef, celui qui donne la direction à tous. C’est mieux expliqué ici. Cette technique évite les grappillons, ce qui demande un travail manuel de 30h /ha alors que normalement cette partie on la coupe, ce qui demande 2h/ha. Voilà aussi là une explication du prix d’une bouteille.
Fin de la visite des vignes.

Nous arrivons au chai peu de temps après les vendanges. Elles sont faites à la main en caisse, ça évite le tassement des raisins.Le pressurage est pneumatique et de longue durée. Ce qui permet à la membrane du pressoir d’appuyer doucement sur une baie de raisin. On évite alors de la triturer et de la massacrer, on fait sortir le jus de manière plus délicate.
On parle de soufre, sulfite, SO2 ? Oui, on en parle ce gros mot du monde du vin. Allez vas-y avoue de temps en temps tu manges au do-mac? Oui ? Et bah il y a plus de souffre dans ton burger que là.
Tout ça pour dire que là il n’y en a pas. Le pressurage se fait sous biocontrôle.
Les différents contenants, fûts, cuves, amphores sont en cours de fermentation, il y a de belles odeurs et de beaux sons dans ce chai.
Un contenant interpelle ma curiosité, c’est comme une jarre en inox. Je ne l’avais jamais vu avant. A quoi ça sert ? Cyril m’ouvre la cuve, sur le dessus le vin fait lui même des petits vortex. L’intérêt ? Un batonnage naturel.
Le batonnage consiste à mettre les lies en suspension dans un vin. Ça veut dire quoi ? Quand tu presses une orange, peu de temps après la pulpe se sépare de ton jus, soit tu mélanges et tu bois tout, soit tu filtres et tu bois que le jus. Quand tu bois la pulpe et le jus, ton jus d’orange a plus de goût.
Parlons des goûts, ceux des vins. Let’s taste !
Fin de cette balade où j’ai appris beaucoup de choses. La chose la plus importante que j’ai apprise, et c’est ma sensibilité qui parle, c’est que Cyril est heureux d’être là. Bien sûr il y a des hauts et des bas comme partout. Son discours est celui d’un homme vif, passionné et passionnant, tourné vers l’avenir, il est heureux de cette aventure et ça sent sent, dans son discours, dans les vins.
Le premier vin testé, c’est Tintamarre. La première fois que j’ai goûté ce vin c’était un dimanche après-midi, millésime 2016. Au nez ça sentait la granny smith et j’avais envie d’une tarte aux pommes avec. Tintamarre c’est un pétillant naturel c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule fermentation là où pour faire un Crémant ou un Vouvray il y en a deux. C’est une cuvée de bulles gourmande et séchées à la fois. Je me souviens d’une réunion Wineuse ou nous avions ouvert une bouteille sur tatin de mangues c’était délicieux.
La dernière bouteille que j’ai ouverte c’était un dimanche à midi. Des copains, des huîtres. Moyenne d’âge à table 25 ans. Lorsque les premières gorgées ont été avalées, je n’ai entendu alors que des “oh c’est bon ça” le seul problème dans ce genre de cas…n’avoir qu’une seule bouteille.

La deuxième bouteille que j’ai prise, c’est le sec 2016. Au nez nous avons les arômes caractéristique du Chenin auquel s’additionnent des arômes de brioche, de beurre prononcés. On sent clairement l’élevage et moi j’adore ça. Cette bouteille à rejoint la cave chez mes parents, je lui laisse deux ans ….

L’Extra Brut.
Souvent lorsque l’on goûte des extra brut on s’imagine que c’est très sec, très très sec. Ici l’Extra brut 2014 me donne envie de manger. Le nez est riche et complexe, ça veut dire qu’on sent plusieurs parfums. De la vanille, du coing, de la pomme, de la pêche. En bouche c’est ample, ça remplit toute la bouche. C’est un vin parfait pour les fêtes. La structure de ce vin supportera un apéritif ou l’on trouvera foie gras et autres tartines saumonées, il supportera aussi des huîtres chaudes, une jolie volaille à la crème et aux morilles, et pour finir une bûche Tourangelle.

Sur un Fil 2016.
Quand tu prends des risques parfois tu te retrouves à danser à marcher sur un fil. Ce vin est issu d’une des parcelles ou l’on fait des tresses avec la vigne. Au premier nez ça sent la fraise tagada, celle la même que ma nounou, tata Micheline me donnait quand j’étais petite avant de partir de chez elle. Madeleine de Proust. Ensuite viennent des arômes d’abricot chaud, de pêche d’été … En bouche le toucher de bouche est fin c’est velours. Un peu de sucre résiduel mais pas trop. En accord avec les crevettes au lait de coco. Surtout pas de foie gras, mais un joli bleu de chèvre. En été une salade de fruits. En hiver, quelques litchis au coin du feu.

Je connaissais le Château Gaudrelle sans le connaître. Désormais je le connais un peu plus, il me faudra y retourner car j’en suis sûre toute l’équipe nous réserve de beaux millésimes à venir. Cette visite m’a permis de découvrir un endroit, des parcelles, des vins mais surtout l’histoire d’hommes de passions.
On trouve ça ou ?
Au Chateau Gaudrelle :
Clos De L’olivier,
12 Quai de la Loire, 37210 Rochecorbon
22/Vin :
22 rue Néricault Destouches
37000 Tours