Aujourd’hui c’était la dernière fois que je voyais Noémie avant longtemps. Du coup restaurant.
Encore me direz vous ? Oui encore, j’aime ça et dans le contexte actuel ça résonne encore plus. Un resto c’est pas juste un restaurant. C’est une économie, c’est du personnel qui ne travaille plus, ce sont des producteurs qui ne travaillent plus, ce sont des vignerons qui ne travaillent plus. C’est important de soutenir l’économie. A mon échelle je continuerai à soutenir nos restaurateurs, nos chefs et leurs filières.
Comme moi elle est amatrice de belle table. Nous devions pas aller là mais c’est un ami vigneron fin gastronome qui me l’a conseillé. Nous voilà dans arrivée à la Table d’à côté. C’est Marie Gricourt qui officie en ces lieux. Nous arrivons, nous nous installons, plus belle table, vue sur la cuisine qui est ouverte sur la salle. Je suis surprise car il y règne un calme plat. Pas de “oui chef” à tout va les mots sont posés, les geste millimétrés, Noémie et moi nous sommes comme admirative d’un opéra.

C’est un endroit plein de vie, empreint de quiétude.
L’apéritif nous est servi. Saumur blanc, et deux petites brioche au foin.
Les amuses bouches. Des trois je retiendrais l’incroyable texture de la mise en bouche au haricot blanc.
C’est la chef en personne qui vient prendre les commandes. Menu et accords mets et vins de Martin, ça me reposera.
En entrée moules de bouchot panisse aux pois chiches, marinière au safran. La marinière est extraordinaire, dommage il y a trop de poivrons sur le dessus ça prédomine sur le goût de l’entrée, mis de côté, cette entrée est très belle car le jeu des textures est intéressant.
En accord Martin nous propose un Muscadet. Domaine de la Pépière, c’est de Clisson, c’est rond et plein. Je dois avouer que ça me perturbe car c’est pas l’idée que j’ai d’un muscadet. Pour moi un muscadet c’est vif, citronné, et frais en bouche. Ce muscadet est très bien fait et l’accord bien.


On passe au Pithiviers. Ce plat que la chef nous propose, on sent en elle que ce plat évoque quelque chose pour elle. C’est sa ville d’origine, elle remet ce plat à la mode car longtemps délaissé. A la dégustation on sent la gourmandise tout de suite.
La pâte feuilleté est belle et bien beurrée. Le beurre c’est la vie. Le choux blanc n’est pas acide du tout. Ce Pithiviers est superbement présenté.
A ce moment du repas je décide que tous les vins me seront présentés à l’aveugle.
Premier verre de rouge, je met le nez dessus : Côt. Je n’ai pas pensé à prendre la photo mais il s’agissait du cot du domaine Bodet Bonnigal à Limeray. Jolies note de cacao et d’épices qui viennent soutenir l’ensemble de la complexité du plat.

Ensuite nous passons au plat de poisson. Quelle émotion. La cuisson du merlan est nacrée à coeur.
En garniture du maïs en crème et grains, et une béarnaise en sabayon. Extraordinaire jeux de saveurs douces et réconfortante.
En accord Martin nous associe un vin, ce cépage qui en ce moment me joue des tours : le Sauvignon. Des tours car pour moi ca reste vif et pierre à fusil.
Là, c’est un Sauvignon du Domaine Veilloux, quelques notes oxydatives, agréables pour soutenir le poisson.


Le plat de volailles de l’Orléanais, sauce moutarde. Un des plus beau plat du déjeuner. Je goute en premier la sauce. Texture épaisse, puissante, douce, réconfortante.
Noémie est éblouie, elle me dit à ce moment « Le prix payé est pas cher pour ce que l’on mange ».
Ce plat est un petit câlin.
En accord un vin que je met un certain temps a trouver. La Syrah. J’aurai dû le savoir ça sent le thym. [Oui et la garrigue, mais moi j’ai jamais senti la garrigue]. Noémie trouve cet accord très réconfortant. Moi aussi. Ce plat est à la fois tout en puissance de goûts, très aromatique, et très rond, très suave, les textures de la viande du jus et du vin sont sensuelles et envoûtantes.


Dessert. J’ai passé mon enfance à manger des tartes tatins. Quand je vois l’intitulé du dessert ça m’intrigue. « Pomme Cox’s orange » confite façon tatin, crème vanille, vinaigrette acidulée. Ce dessert est extraordinaire. Premièrement par sa non sucrosité. Deuxièmement par l’équilibre entre la douceur et l’acidité. Martin choisi un Gewurztraminer en accord, il n’est pas sur. Il à tort. C’est pas évident mais top. Le vin apporte l’amertume que le dessert n’a pas, sans apporter de sucrositée. Fin du repas sur un café.


Je n’ai pas parlé du beurre qui nous a été servi. Un beurre au café travaillé par les équipes du restaurant. Ce beurre allie plusieurs saveurs. Ce n’est pas un beurre de petit déjeuner mais bel et bien un beurre de repas. Complexe : du sel, du café et le gras du beurre. Inhabituel, j’ai adoré.
Je retiendrais que cette cuisine ouverte est passionnante, émouvante, extraordinaire. Ce ne sont pas les serveurs qui apportent les plats, mais les chefs eux mêmes. Enfin ils sortent de leurs cuisines.
Cette cuisine ouverte, est d’une quiétude infinie.
Un grand merci à Martin qui a soigné ce déjeuner au combien important pour moi, d’une multitudes de petites attentions ce déjeuner c’est transformé en moment inoubliable.
Merci.
Tout ce qui est écrit dans cet article à été dit en visu.
