Cette année tout est différent. Les vendanges sont plus tôt les foires aux vins aussi, enfin elles n’ont pour la plupart pas lieu. 

Avec ma petite entreprise, à la fin de l’année on arrête pas de parcourir la France pour faire goûter des vins des différents vignerons présents en Foires Aux Vins. 

C’est 85% de l’achat de vin en France et c’est à ne pas oublier. Cette année j’ai pas envie de ça, j’ai besoin d’air, de grand air. 

Tout commence quand Fabien Brutout post « help me guys » me voilà partie à ramasser une demi journée avec Fabien Brutout Vigneron à Vouvray. 

Ça y est c’est parti. Quoi ? Les vendanges, l’euphorie d’un enfant avant noël, l’excitation, l’équipe, le tutoiement de rigueur. Les: 

Tu fais quoi dans la vie? 

Tu le connais comment toi Fabien ? 

doigts coupés par les épinettes, (le petit sécateur des vendanges) 

ta salle de bain elle est de quelle couleur ?

mets du miel sur tes plaies …. 

Fin de journée avec des nouveaux copains et des nouvelles copines 🙂 et ça y est je connais un peu plus le gars qui nous remets à tous le Facteur sur le vélo. 

Dimanche 27 août, j’ai beaucoup trop bu, c’est ça aussi les vendanges, mais j’ai pas de courbatures. 

Dans la même semaine je vois Isabelle Pangault domaine de  l’Affût, je lui  explique que je peux/ veux faire les vendanges mais que #mapetiteentreprise travaille chez Charles Joguet deux jours par semaine donc je ne suis pas dispo 3 semaines d’affilée. Réponse d’Isa : viens quand tu veux ça fera toujours deux bras en plus. 

Je commence à 8h le premier jour pour finir vers 20h je crois. J’avais oublié tout ce qu’il y avait après le coupage, le pressoir, lavage des épinettes, des seaux, du sol etc… 

J’ai bu la meilleure bière de toute ma vie ce soir-là, c’était une Corona, oui pour de vrai, merci François qui les avait oubliés là. 

La semaine d’après j’y retourne en mode vie ma vie de vigneronne pendant 36h. On finit les blancs sous un soleil de plomb, avec une motivation totale en berne …. Il fait chaud c’est long c’est dur pour tout le monde, les blanc sont rentrés, on est crevés mais fièrs et contents. On s’applaudit. 

Sur la route pour rentrer chez moi j’ai mal, au doigts, aux cuisses au dos, je m’endors à moitié. Bordel, quelqu’un peut-il me dire pourquoi on fait ça ? Pour 14€ la bouteille? Tout ça, toute cette peine, cette sueur pour 14€ la bouteille, quelqu’un m’explique? 

Je rentre, douche, dodo. Lundi matin, 7h dernière journée chez Isabelle. Je suis euphorique, excitée, triste. C’est la dernière journée, dernière journée à bosser avec Isa, Astride, Valérie, Cédric, Nelson … dernière journée à piger [mon] amphore.  

Euphorique, ça y est c’est fait les vendanges 2020 au Domaine l’Affût, il y a un peu de nous tous dans l’Instinctive 2020 et un peu de mes pieds dans l’Orchestrale. Wahou. 

Deux jours après me voilà arrivé à Bourgueil chez Anne, domaine Ansodelles. J’ai pas envie d’y aller du tout. 

Lorsque j’arrive la lumière sur le vignoble de Bourgueil est magique , la flamme se rallume, allons chercher ces cabernets francs pour faire ce millésime 2020.

Je retrouve papy Gérard (le beau-père d’Anne). C’est dans les vieux pots que l’ont fait les meilleures confitures. Quelle fine équipe, ce déjeuner fait par les mamies est topissime. Chez Anne c’est une équipe de jeunes hors d’âge qui vendange, les copains venus de partout qu’on retrouve d’années en années et aussi le groupe des copains des beau parents de Anne. Dans cette équipe on a les mamies. 

Les mamies qui cuisinent. Nous on coupe, à 11h on a un casse-croûte pâté/rillettes. Lors du déjeuner on ne s’occupe de rien et les mamies cuisinent pour nous. Toujours aux petits soins, toujours un repas totalement différent du précédent. 

Les repas sont un moment de partage. On mange, on boit, on cause, on rigole. Peut-on arrêter le temps? 

Malheureusement non, on est repartis… jeudi, vendredi, dimanche journée copains, on vendange sous la pluie mais avec de la bonne humeur. 

L’aprem ça sera encuvage, je suis aux caisses, j’adore, mes épaules moins, dimanche soir avec l’Instinctive nous booste devant la cheminée. Mardi soir je suis total HS, on ouvre une Rouillère 2017 et dodo. 

On mange oui parce que les journées sont longues. Le matin j’arrive avec Anne, c’est dur ça pique, mais tellement reposant. Lorsque je franchis la porte du chai, je peux humer les premières odeurs du millésime. Ca sent super bon, ça sent quoi ? Les fruits rouges, la fraise, le cassis, la framboise. 

Pourquoi va -t – on au chai à 6h ? Parce que dans les petits domaine il y un tas de choses à faire, seul. 

Ces matins là j’ai fait quelques remontages et les prises de densité. 

Les vendanges sont finies. 

J’ai eu mal, j’ai pas le moral à plat … j’ai découvert des super personnes. J’ai mangé des centaines de baies de raisins, mis les pieds dans une amphore, parcouru 50 km, j’ai appris à connaître un peu plus Fabien qu’au travers des salons. 

 J’ai vu qu’Isabelle n’était pas seulement ma pote mais aussi une  vraie chef d’entreprise au don d’empathie. 

Quand à ma Anne comme d’hab elle n’ouvre pas seulement son domaine, sa maison, sa famille, son coeur, mais elle partage avec toi, ses tripes, les mêmes qu’elle met à faire son vin. 

Voilà ça y est j’ai la réponse à ma question. Pourquoi tout ça ? Parce que sans ça je ne vibrerai pas. 🍷